Les hostilités, hélas ! ne devaient pas atteindre le sol, mais envelopper aussi simultanément l'air et la mer. Ce fut même de la mer que partirent les premiers coups de canon destinés à meurtrir la terre française.
La guerre était déclarée à la France le 3 août au soir. Le 4 août, à 5 heures du matin, les croiseurs allemands Gobent et Breslau, en croisière depuis un an dans la Méditerranée, se présentaient, maquillés et sans arborer leurs couleurs, devant Philippeville et Bône. Sur Philippeville, le Gobent tira 36 coups de ses pièces de 280, endommageant quelques immeubles, perforant la cheminée d'un vapeur anglais. dans le port et anéantissant le cantonnement d'une section de mitrailleuses, tuant ou blessant une trentaine de soldats.
Dès la fin de cet exploit peu glorieux, le Gobent et le Breslau fuyaient vers le Bosphore où ils trouvèrent un refuge le 10 août.
Le 22 septembre, les croiseurs Gneisenau et Scharnhorst, de l'escadre allemande du Pacifique, s'attaquaient lâchement à Papeete, capitale de Tahiti en détruisant un quartier entier sous le feu de leurs canons de 210. Mais un châtiment leur était réservé un peu plus tard aux Iles Falkland.
Dans d'autres mers plus lointaines, des bâtiments allemands isolés tels que l'Eden et le Koenigsberg, s'étaient transformés en corsaires, coulant tous les navires alliés sans avertissement les navires croisant leurs routes. Leur infamie n'avait pas de limite : afin de ne point éveiller leurs soupçons, ils hissaient le pavillon de leurs victimes leur permettant de s'approcher au plus près de leurs ennemis.
Ce fut sous pavillon russe et maquillé par l'ajout d'une quatrième cheminée, que l'Eden entra dans la baie de Poulo-Pinang où il n'eut aucune peine à couler le torpilleur français Mousquet dans un combat sans espoir.
Source : Album de la Guerre 1914-18