Le 11 août 1914, une armée russe sous le commandement du général Rennenkampf s'ébranlait de Vilna sur Königsberg; une seconde, sous les ordres de Samsonov marchait de Varsovie sur Allenstein.
Du 18 au 21 août, Rennenkampf battait les Allemands à Gumbinnen. Il s'emparait d'Insterburg et mettait en fuite, devant lui, les populations de la Prusse allemande, saisies de panique. Puis, il s'immobilisait, tandis que Samsonov, à sa gauche, attiré dans un piège par Hindenburg qui venait d'entrer en scène, essuyait à Tannenberg, du 26 au 29 août un revers sanglant. Rennenkampf était attaqué à son tour le 6 septembre aux lacs Mazuriques et le 13 septembre, très éprouvé, devait repasser la frontière.
Au sud, les Autrichiens, avec cinq armées, couvraient la Galicie. Deux de celles-ci, commandées par Dankl et Auffenberg, étaient prises à partie, dès le 25 août au nord-est de Lemberg par les armées russes des généraux Everth et Plehve, tandis que deux autres armées russes sous Roussky et sous Brousilov accouraient du sud-est à la bataille, dans laquelle Roussky se jetait le 29 sur les arrières de l'ennemi. Le 3 septembre, les Russes entraient à Lemberg. Le 11 au soir, les Autrichiens rompus, malgré les renforts que Boehm-Ermolli leur avait emmenés en toute hâte du front de Serbie, étaient en déroute. Le 22 septembre, les Russes occupaient Iaroslav, sur le San, et le 28, ils investissaient la place forte de Przemysl.
Appelé au commandement suprême des forces germants-autrichiennes devant les Russes, Hindenburg allait réagir par une offensive sur Varsovie. Il confiait, au nord, à l'armée von Schubert forte de 150 000 hommes, une manoeuvre de diversion. Von Schubert, ayant pour objectif de passer le Niemen, pénétrait en territoire russe, bombardait Ossoviecz et se heurtait sur la rivière à Rennenkampf qui le refoulait à partir du 29 septembre.
Le 30, une bataille violentes'engageait entre les adversaires à Augustovo. Le 4 octobre, les Allemands battus levaient le siège d'Ossoviecz et se repliaient précipitamment en Prusse Orientale où les Russes les poursuivaient et leur enlevaient Lick le 16 octobre.
Cependant, le gros de l'armée austro-allemande, sous les ordres directs de Hindenburg, s'ébranlait entre Soldau et Cracovie, sur Varsovie et sur Lemberg. Le grand-duc Nicolas sentit son flanc droit en péril. Renonçant momentanément à Przemysl, il se replia, sans perdre un seul homme, derrière la Vistule et le San. Sa retraite était purement stratégique. Brusquement, le 16 octobre, il fondait sur la gauche ennemie qui s'exposait à découvert. Il la refoulait, pénétrant à sa suite en territoire prussien. Son centre infligeait aux Allemands, sur la Bourra, un échec sévère, tandis qu'à sa gauche, le 6 novembre, il écrasait les Autrichiens pour la seconde fois, reprenant Lodz, Radow, Tarnow et remettant le siège devant Przemysl.
Hindenburg, tenace, ramenait alors contre Varsovie trois armées nouvelles. Mais ses tentatives d'enveloppement de l'aile gauche russe n'aboutirent pas. Au contraire, son principal lieutenant, von Mackensen, faillit perdre deux corps d'armée, sur le point d'être encerclés, au cours de furieux combats du 22 au 30 novembre. Néanmoins, bien que les batailles livrées sur les quatre rivières Bourra, Rawa, Pilitza et Nida eussent conservé un caractère indécis, le Gran-duc Nicolas crut sage d'abandonner Lodz le 5 décembre et de chercher plus à l'Est des positions d'attente.
Source : Album de la Guerre 1914-1919