Ulcérée de sa défaite d'août sur la Save, l'Autriche a préparé contre la Serbie une "expédition de châtiment". Les Serbes doivent évacuer la Bosnie et l'Herzégovine pour protéger leur sol envahi dès le début de novembre par des effectifs considérables dépassant 400 000 hommes. Leur petite armée, dépourvue de munitions, se résigne à découvrir Belgrade et la plaine environnante pour aller s'établir sur les hauteurs dominant le Danube. Les populations abandonnent leurs villages, brûlant leurs récoltes et leurs biens afin de ne rien laisser à l'envahisseur.
Fait prisonnier près de Krivalia et reconnu par des paysans pour avoir ordonné les massacres qui avaient ensanglanté cette localité, le major Balzarick, du 16ème régiment d'infanterie austro-hongrois, put être confronté en présence de deux neutres, le Dr Van Tirnhoven, un hollandais, et M. Jules Schmidt, citoyen suisse, avec les cadavres de quelques-unes de ses victimes. Il nia tout, mais le soir, il s'empoisonnait.
Le voïvode Mitnich entrant vainqueur dans son village natal près de Mionitza. Il y retrouve son frère, un paysan.
Septuagénaire et perclus de rhumatismes, le vieux souverain a quitté sa retraite de Vranja-Bania le 30 novembre, à la nouvelle du repli de ses armées dont il veut partager les dangers et l'existence. On le verra, certain jour, faire le coup de feu avec le fusil d'un mort. Le 15 décembre, il entrera sous les balles dans Belgrade où l'on se bat encore et la foule des femmes et des vieillards qui n'avaient pas pu quitter la ville, baisant ses mains et son manteau, lui ménagera le plus émouvantes des apothéoses.
Source : Album de la Guerre 1914-18